PLONGEZ au large de PENESTIN
L’île Dumet, un paradis pour les plongeurs ?
Reportage
10 h 30. Le soleil est déjà haut dans le ciel lorsque l’embarcation approche de l’île Dumet. Situé à six kilomètres au large de Piriac-sur-Mer (Loire-Atlantique), ce petit bout de terre de huit hectares est inhabité. Enfin… Pas complètement. Une foule de mouettes et de goélands nous accueillent avec des cris rieurs. Propriété privée jusqu’en 1990, le conservatoire du littoral l’a racheté pour créer une réserve ornithologique.
Le bateau jette l’ancre. Quelques poissons curieux frôlent la surface de l’eau l’air de dire : « Mais vous êtes qui vous ? » Masque sur le nez, palme aux pieds, bouteille dans le dos et plouf. Nous voici dans le monde du silence, loin du brouhaha du quotidien. Le soleil perce la dizaine de mètres qui nous séparent de la surface et contrairement aux idées reçues, l’eau n’est pas si fraîche : 20 °C !
On se croirait dans une forêt tropicale où les palmiers seraient remplacés par de longues algues dansant au gré des flots au-dessus de nos têtes. D’immenses parois rocheuses s’élancent du sol, créant de fins canyons où il fait bon flâner en apesanteur.
Une faune fixée remarquable
Avec nous, des bars, des mulets, des gobies, des seiches… Sur les rochers, les tourteaux et les crabes paradent fièrement, leurs grosses pinces en avant, prêtes à surgir : « Ne t’approche pas ! C’est MON rocher. » Plus discrets, les homards se cachent dans d’étroites cavités.
Ce monde sous-marin, Christophe l’explore depuis vingt-trois ans. Avant de devenir moniteur de plongée, il était coiffeur, et champion de moto-cross. Une reconversion radicale qu’il ne regrette pour rien au monde. « Les fonds sous-marins sont vraiment riches sur la presqu’île. Il y a beaucoup à découvrir », explique celui qui a repris les manettes du club associatif Couleur Plongée à Piriac. L’été, l’activité tourne à plein régime. Plus de place dans le carnet de réservation. Plus de place sur le bateau.
Ce matin c’est la première fois pour certains, la centième pour d’autres. « C’est l’avantage. Ici, il y a des spots pour tous les niveaux. » Les faibles profondeurs des abords de l’île sont idéales pour les baptêmes tandis que l’épave du Laos, un cargo échoué en 1907, ou le plateau du Four, conviennent davantage aux plongeurs autonomes.
Dans l’eau, Christophe est aux aguets. Passionné par la biologie, il observe avec attention « la faune fixée ». Il s’agit de toutes les espèces animales accrochées à un tombant ou à un rocher. Polypes, coraux mous, éponges, anémones bijoux (voir ci-contre), nudibranches… « Ce sont de tout petits animaux que l’on confond trop souvent avec des végétaux. »
Retour de certaines espèces
Les rejets des pollutions agricoles, les innombrables déchets, le réchauffement climatique… La santé de nos océans est en péril, ce n’est un secret pour personne. Mais le tableau n’est pas tout noir. Christophe a récemment remarqué le retour de certains crustacés comme la langoustine.
À l’inverse, il n’est pas tout blanc non plus. Les dauphins, par exemple, sont de plus en plus rares. Tout comme la tortue luth, dont le poids peut atteindre 500 kg. Pareil pour les poissons comme le saint-pierre, la lotte ou le bar, souvent concernés par la surpêche.
Pour un avenir ni blanc ni noir, sachez que seul 5 % des océans ont été explorés. Cela nous laisse encore 95 % de mystères, dont certains se fondent sûrement sous les eaux claires de la presqu’île guérandaise.
article d'Élodie SARTOUX. OUEST FRANCE du 17 Aout 2018.